Quelle est la place de la patience dans un monde qui va vite ? Trop vite disent certains. Un monde qui privilégie l’instantané, le flux tendu. Qui admire la réussite fulgurante de startups disruptives, se nourrit de connexions hyper rapides et des trépidations de la vie urbaine. Mais surtout, qui est habitué à avoir tout, tout de suite (ou presque). Et quel est son rôle dans votre vie d’entrepreneur ?
Sommaire
Cultiver la patience pour (se) contrôler
La patience est cette aptitude essentielle qui permet d’aborder (plus) sereinement les aléas de la vie, de surmonter les échecs, d’affronter les crises ou les personnes désagréables.
Patience rime avec maîtrise. Vital pour un entrepreneur. La patience porte à la réflexion, elle aide à gérer ses pulsions. Elle amène à temporiser, si nécessaire, pour ne pas dévier de son objectif principal. Apprendre à attendre, sans être angoissé ou agacé, est un véritable atout personnel et professionnel.
Le succès est capricieux et la vie d’entrepreneur parfois chaotique. Aux périodes de croissance et aux résultats prometteurs succèdent souvent des moments creux plus difficiles à gérer. La patience est alors précieuse.
La patience est un art de vivre qui se cultive. Garder son calme vis-à-vis de ses partenaires ou face à des clients pas toujours respectueux ou ouverts au dialogue est un exercice difficile. Faire preuve d’empathie vous rendra plus sympathique. Être à l’écoute et coopératif forcera le respect et vous ouvrira bien des portes.
Comment faire pour vous maîtriser ? Comment apprendre à vous comporter avec calme et à le rester ? C’est facile : il suffit de regarder vers le haut. Vous perdez patience parce que vous êtes concerné, que cela vous préoccupe, que vous faites partie du problème. Si vous déplacez votre attention vers des choses plus élevées -cette bonne vieille entreprise, par exemple-, il sera plus facile d’envisager les causes d’irritation sous un jour nouveau. Une autre méthode consiste à quitter le bureau ou la réunion. Dites : « Je trouve cette situation inacceptable. » Et vous sortez. Cela cause un choc et généralement, c’est efficace. Ou bien essayez de compter jusqu’à dix avant d’ouvrir la bouche. (source : Trends)
La patience vous mène plus vite au but. Étonnant ? Pas tant que cela. La patience vous aide à garder le cap malgré les obstacles et les doutes. Le parcours entrepreneurial est une succession de hauts et de bas. Surtout au début. Surtout quand on évolue dans un secteur concurrentiel. Rome ne s’est pas faite en un jour. La réussite se construit sur le long terme. Se faire un nom et une réputation prend du temps.
Les 4 temps de la patience
La patience est en lien direct avec le temps. LA variable clé de toute activité d’entrepreneur. Tout est question de temps et contretemps. Maîtriser le timing d’un projet, respecter les délais d’un chantier, arriver à temps à un rendez-vous ou déplacer une échéance, avancer ou postposer une réunion, … Le temps est dans tout, tout est question de temps. Apprenez à l’apprivoiser.
Faites du temps votre allié pour viser plus loin que le profit immédiat. Faites jouer les différents temps qui sont à votre portée :
- Un temps pour comprendrece qui fonctionne, ce qui ne fonctionne et affiner ses projets. Ne confondez pas action et précipitation, rapidité et efficacité.
- Un temps pour apprendre. La formation continue rentre dans les mentalités. Tant mieux. Ayez à cœur de vous former tout au long de votre vie active. Pour monter en compétences, pour ne pas stagner, pour surprendre vos partenaires ou vos clients.
- Un temps pour communiquer, pour montrer votre expertise, pour vous rendre visible. Une entreprise qu’on ne connait pas, n’intéresse personne. Communiquez aussi pour vous assurer que votre message est bien compris.
- Un temps pour construire la confiance avec vos partenaires, vos employés, vos clients. C’est essentiel à la survie de votre entreprise.
Attention à ne pas confondre patience et procrastination. Dans les deux cas, on parle bien de notre rapport au temps et à l’action. Mais tandis que la patience s’efforce de maîtriser le temps, la procrastination tente de l’effacer. Mieux vaut donc cultiver la première et combattre la seconde.
La patience vous veut du bien
Non seulement la patience nous rend plus agréable à vivre, mais elle est également bénéfique pour notre santé.
- La patience laisse moins de place au stress. Pourquoi ? Parce que vous apprenez à relativiser. En y regardant de plus près, vous constaterez que bien des causes de stress sont futiles ou indues. Vous êtes en retard pour un travail, appelez votre client et expliquez-vous franchement. La plupart seront plutôt compréhensifs. Un projet n’avance pas : abordez-le sous un angle différent ou discutez-en avec vos partenaires. Ne pas stresser, c’est se donner le temps de réfléchir, de se détendre et de se recentrer sur l’essentiel.
- La patience aide à prendre de meilleures décisions : prenez le temps d’évaluer chaque situation, d’en analyser les tenants et aboutissants, avant de décider ou d’agir. Ne laissez personne vous mettre la pression pour prendre une décision rapide. La précipitation est mauvaise conseillère.
- Soyez patient et bienveillant envers vous-même. Vous n’avez pas toutes les compétences et vous ne réussirez pas tout du premier coup. Mais vous ne progresserez que si vous jetez un regard constructif sur vos accomplissements. Octroyez-vous le temps de vous améliorer et cultivez votre curiosité.
- La patience améliore les relations. Elle va de pair avec la tolérance et l’écoute. Au lieu de juger ou de perdre votre sang-froid, écoutez les points de vue de chacun. Cultivez le dialogue, pratiquez l’humour ou faites preuve de bienveillance pour détendre l’atmosphère.
Lorsque patience rime avec doute …
Parfois le doute opère un véritable travail de sape. Et dans ces cas-là, la patience est mise à rude épreuve. L’important alors est d’évaluer si la direction prise est bien la bonne et s’il suffit « juste » d’y croire encore plus fort et de faire tout ce qu’il faut pour passer ce cap difficile.
L’an dernier, après l’arrêt inopiné de deux gros projets, j’en suis venu à me demander si cela valait la peine de poursuivre mon activité d’indépendante. Le doute me rongeait et la motivation était au plus bas. J’étais certes toujours aussi passionnée par mon métier mais l’âge et les circonstances aidant, je doutais.
Étant plutôt pugnace de nature, j’ai néanmoins décidé de mettre tout en œuvre pour relancer la machine et je m’étais donné jusqu’à la fin de l’année pour décider « stop ou encore ». De la patience/attentisme, je suis passée en mode patience/ résistance. Et je ne l’ai pas regretté puisqu’avant la fin de l’année j’étais de nouveau occupée à 150% et les perspectives pour l’année suivante s’annonçaient radieuses.
Le doute stérile est le pire ennemi de la patience. Dans certaines situations, il faut savoir évaluer les perspectives correctement : vais-je retrouver des clients, mes produits/services répondent-ils aux attentes du marché. Si vous êtes sûr de votre cap, donnez-vous les moyens de l’atteindre. Mettez à profit cette période de latence pour vous préparer, pour organiser la suite afin d’être au top lors de la reprise. Profitez-en éventuellement pour vous former si vous avez reconnu certains points faibles.
Activez le couple magique : patience et persévérance
En analysant la mentalité et les actions des entrepreneurs qui réussissent, on se rend compte qu’ils ont une pratique maîtrisée de la patience. Chez eux, patience et persévérance convergent.
Au démarrage d’une entreprise, tout prend toujours plus de temps que prévu. Et il est parfois bien difficile de rester optimiste. Vous avez frappé à d’innombrables portes et vous ne trouvez pas de financement. Vous prospectez tous azimuts et pourtant les clients ne se bousculent pas aux portillons. Prenez du recul, posez-vous les bonnes questions. Si nécessaire, faites-vous aider. Il se peut que vous ayez mal évalué votre marché, que vous commettiez des erreurs, qu’il vous manque certaines compétences clés.
Tout cela est (presque) inévitable. La majorité des entrepreneurs passent par ces moments de doute. Mais ceux qui réussissent sont ceux qui persévèrent, ceux qui pratiquent l’auto-critique constructive, qui avancent malgré tout, ceux qui s’investissent à fond, parce qu’ils croient en leur rêve, parce qu’ils sont passionnés, parce qu’ils savent que rien n’est facile ou acquis du jour au lendemain.
Alors, cent fois, remettez votre ouvrage sur le métier, remontez sur votre vélo, remettez le moteur en route … mais surtout ne perdez pas votre fil conducteur et votre cap !
Parfois il vaut mieux être impatient
En observant les patrons de PME autour de moi, je me rends compte que certains sont plutôt impatients. Ils ont tendance à bousculer tout et tout le monde. Pourquoi ? Parce que dans certains cas, la patience a clairement des limites :
- Quand la patience ressemble à du perfectionnisme.
Ils n’attendent pas que tout soit parfait pour se lancer. Ils n’attendent pas d’avoir tous les cartes en main pour aborder de nouveaux clients. Leur intime conviction et leur force de persuasion font des merveilles. - Quand patience rime avec attentisme.
Ils n’attendent pas que les clients viennent les chercher. Même à l’âge de l’inbound marketing, d’Internet et des réseaux sociaux, le travail de prospection reste quotidien. Même pour des entreprises déjà matures, rester vigilant et agile est vital. - Quand la patience se double de frustration.
Quelles que soient les circonstances, ils ne perdent pas le contrôle. Si on leur claque la porte au nez, ils ne laissent pas leurs émotions prendre le dessus. Ils vont de l’avant. - Quand la patience s’apparente à du défaitisme
Ils recherchent toujours l’étincelle positive, le signal qui leur indique qu’ils sont sur la bonne voie. Quoi qu’il arrive, ils continuent à avancer, car il y a toujours d’autre occasions, d’autres clients, d’autres raisons de se réjouir.
Bonjour Christiane !
Votre article est très inspirant, merci.
La patience, comme vous en parlez, n’est pas comprise par chacun. Dans cette génération où nous nous voulons tout, tout de suite, l’art de prendre du recul est important. J’étais moi-même souvent comme ça et j’ai encore cette tendance à vouloir des résultats immédiat.
Je pense que la meilleure manière de prendre son temps consiste à voir comment les autres ont réussi à obtenir ce que l’on souhaite obtenir. Mais aussi de s’inspirer d’autres domaines… Telle que …
…La Nature =)
C’est d’ailleurs une excellente inspiration, car la vie est comme une plante. Essayer de vouloir récolter les fruits d’un arbre à peine planté est naïf. =) Prenez plutôt le temps de savourer le temps, de voir votre plante grandir.
Merci encore et à très bientôt,
K.
Bonjour Kelvin,
Merci pour votre commentaire.
Effectivement, la nature est une excellente source d’inspiration. La graine prend son temps pour germer, l’arbre ne pousse pas en un jour, etc.
La leçon du végétal est claire : il y a un temps pour tout : préparation, ensemencement, maturation, moisson. Sans oublier que tout est un éternel recommencement (=>recyclage).
Alors oui, je comprends qu’on soit impatient, qu’on veille avancer vite … parfois c’est possible, mais parfois il faut laisser les projets mûrir et grandir. 😉
Au plaisir de vous retrouver sur ce blog,
Christiane
bien dit : a essayer dans l’application,
Bonjour, J’ai aimé cet article. franchement c’est vrai tout cela. De mon coté je suis un petit entrepreneur qui vient de d ébété il y a 6 mois et en ce moment je traverse des periodes difficiles. La patience n’etait plus mon point fort et j’avais perdu espoir. votre article m’a redonné un nouveau souffle pour lutter. Merci!!
Merci pour votre commentaire.
Courage, accrochez-vous ! Après la pluie, le soleil revient toujours 🙂