Mobilité, flexibilité, convivialité sont les nouveaux paradigmes du monde du travail en ce début de XXIème siècle. Et ils ont fait voler en éclats la sacro-sainte unité de lieu, de temps et d’action des entreprises traditionnelles. En réponse à cette réalité, de nouveaux espaces de travail se créent pour accueillir les travailleurs avides de changement.

Désormais, les entreprises s’inscrivent dans un écosystème plus large que leurs bureaux ou espaces de travail. C’est que l’activité d’une entreprise ne se concentre plus exclusivement entre ses murs ni même entre les mains d’employés « assignés à résidence » mais aussi, de plus en plus, dans d’autres lieux ou dans la mouvance.

nouveaux espaces de travail

En 40 ans de carrière, j’ai moi-même pu expérimenter plusieurs facettes de cette (r)évolution. Passant des bureaux privatifs à l’open space, du travail 100% sédentaire au travail semi-nomade pour enfin tester les espaces de coworking et le home-working.

Une nouvelle organisation du travail

Au fond, l’évolution des lieux de travail est avant tout le reflet d’une modification en profondeur de l’organisation du travail. Fini les départements fermés et les groupes figés, fini les 9-5 et le cloisonnement strict vie privé – vie pro. Fini le travail linéaire, les pointeuses, le management directif et la hiérarchie top-down. Enfin, c’est du moins ce que les médias et les DRH voudraient nous faire croire et ce qui fait rêver les millennials.

La réalité est beaucoup plus nuancée. Car il ne suffit pas de relooker des bureaux, de reconfigurer des bâtiments, d’y ajouter quelques espaces ludiques ou des services de conciergerie pour métamorphoser la manière de travailler d’une entreprise. Si ces transformations cosmétiques ne s’accompagnent pas d’un changement managérial réel, leur impact restera minime, voire même nocif.

Car l’extrême flexibilité exigée des travailleurs « sans bureau fixe » ne peut se vivre sereinement que si elle est correctement encadrée par des managers attentifs et bienveillants. De même, les inévitables impératifs de rentabilité et de productivité supposent de réinventer les processus de contrôle et d’adopter d’autres comportements entre collaborateurs (et non la sempiternelle course à la promotion ou à la valorisation).

Une nouvelle perception du bien-être au travail

A la fois lieu de vie et de travail, l’environnement professionnel devrait contribuer à l’épanouissement des travailleurs. Or, force est de constater que c’est souvent l’inverse qui se passe : soumis à une pression et un stress croissants (provoqués, entre autres, par les exigences de réactivité, flexibilité, mobilité) bon nombre de travailleurs souffrent et se plaignent de leurs conditions de travail. Ce qui pousse certaines directions à explorer de nouvelles pistes, telles que des espaces de travail moins formels, plus stimulants, susceptibles de favoriser les échanges et augmenter le bien-être des travailleurs.

Autre piste explorée par les directions, le télétravail se développe à vive allure. Aujourd’hui, plus de 25% des employés travaillent ailleurs que dans l’entreprise, au moins partiellement. C’est que les nouvelles technologies ont profondément changé la donne. Plus besoin de trajets quotidiens fastidieux, générateurs de stress, de fatigue et d’absentéisme pour participer aux activités de l’entreprise. Bien des tâches peuvent se faire à distance.

Le travail délocalisé dans des tiers lieux  est de plus en plus souvent plébiscité.  Intéressant pour les salariés, au même titre que le télétravail, il l’est aussi pour l’entreprise puisqu’il s’inscrit dans une logique de réduction des coûts et d’optimisation des surfaces de bureaux.

Les salariés travaillant de plus en plus à distance, les entreprises ont tendance à réduire le nombre de postes fixes ou à passer au flex-desk puis à réinvestir ces économies dans le coworking. (lesechos.fr)

Travail nomade, sérendipité et tiers lieux

Les tiers lieux répondent aux besoins de professionnels nomades aspirant à mieux équilibrer vie privée et vie professionnelle.  Solution hybride entre espace personnel et espace ouvert, convivialité et concentration.

La révolution industrielle a créé de nouveaux lieux de travail : d’abord les usines puis les bureaux. Aujourd’hui le nomade toujours connecté, qui peut travailler de n’importe où, reste (encore) un être de chair et d’os, un animal social : il a donc besoin d’être en relation avec ses pairs. Les tiers-lieux rematérialisent en quelque sorte ce qui disparaît dans le monde virtuel. (source : Génération responsable)

nouveaux espaces de travail

Les tiers lieux sont des espaces où se mêlent travail, détente, networking et synergies en tous genres.

«La révolution du coworking n’est pas tant celle du bureau que de la gestion d’un travail délocalisé et désynchronisé. Sur le plan sociologique, il est intéressant de regarder l’agilité spatiale du travailleur. On n’imagine pas aujourd’hui le monde du travail sans une dispersion spatiale car tout est mis en oeuvre dans ce sens: qu’elle soit imposée par les nouvelles exigences de productivité, dont la flexibilité est le paradigme, ou qu’elle appartienne à la volonté du travailleur d’échapper à la forte pression du bureau. En quittant le régime fordiste, les sphères personnelles et professionnelles s’articulent mieux et la question du bureau se pose moins que le fait de ne plus devoir y être. Les outils numériques rendent le salarié plus autonome et lui offrent l’opportunité de s’émanciper en élargissant le spectre de ses réseaux professionnels. (lesechos.fr)

Quelques types de tiers lieux

Des plus traditionnels aux plus innovants, de nouveaux espaces de travail tentent de répondre à des besoins fort différents.

  • Les espaces de coworking: lieu de travail partagé et lieu de networking particulièrement apprécié des freelances, consultants et auto-entrepreneurs.
    C’est l’exemple typique de l’infrastructure de proximité. De nombreuses variations existent : du co-oking (cuisine professionnelle partagée) au co-making (partage d’ateliers de production) jusqu’au corpo-working (qui intègre la dimension du coworking au sein même de l’entreprise).
  • Les Fablabs: ces ateliers multifonctions équipés de machines, d’appareils électroniques, d’ordinateurs de pointe, d’imprimante 3D s’adressent essentiellement aux concepteurs, ingénieurs, architectes mais aussi aux techniciens ou artisans qui peuvent y réaliser prototypes, maquettes, etc.
  • Le cohoming ou coworking à domicile : plutôt que de travailler seul, certains choisissent d’ouvrir leur domicile au coworking ou de se rendre chez un autre travailleur nomade pour se motiver au travail.
  • Les Hacker Houses : une colocation d’un genre nouveau. Tous les colocataires ont ou vont lancer leur start-up et se retrouvent entre pairs dans une habitation hyper conntectée. Ils vivent, dorment, travaillent au même endroit, avec un seul objectif : réussir. Limité dans le temps (quelques mois, le temps de lancer son projet).