Pour améliorer son écriture, il est recommandé de lire beaucoup et de varier les genres. Dans cet ordre d’idée, copyblogger pose une question à première vue insolite : la lecture de livres pour enfants peut-elle vous aider à devenir un meilleur « business writer »?
Sommaire
De l’art de raconter des histoires
Chacun garde un souvenir ému de ces histoires racontées avant d’aller dormir. Chacun se souvient de ces petits livres joliment illustrés. L’écrivain y cristallise une histoire dans un message clair, concis et convaincant en moins de 40 pages, avec moins de 50 mots par page. Parfait pour les 4 à 7 ans … et pour le business.
Le secret : raconter pour attirer l’attention, amuser, éclairer ou persuader … en quelques instants, avec des mots tout simples. C’est ce qui rend ces histoires mémorables et partageables. Virales.
De l’utilité de lire des livres d’enfants
Chaque histoire véhicule un enseignement, transmet des valeurs, illustre un propos ou un concept parfois difficile ou complexe. Et, c’est bien connu, les histoires aident à grandir.
C‘est en lisant que l’on apprend à raconter des histoires. Et pour bien comprendre la mécanique de ces histoires, il faut les relire en se posant les bonnes questions.
- Quelle émotion: Quelle est l’émotion centrale de chaque histoire? la peur ? la joie ? la tristesse? la colère?
- Quels personnages: Qui est le héros ? Est-il sympathique ? Qui sont les personnages secondaires ? Qui est l’ennemi du héros ?
- Quel conflit: Que veut le personnage principal ? Quel obstacle l’empêche d’obtenir ce qu’il veut ? Comment se termine l’histoire ?
- Quel discours: Des mots courts. Des phrases courtes. Des paragraphes courts. La répétition et l’allitération.
De l’intérêt de raconter des histoires
Les politiciens ont compris avant les chefs d’entreprise qu’il fallait avant tout raconter une histoire. Pourquoi? Parce que nous avons trois cerveaux,
- le neocortex, qui nous rend intelligents,
- le limbique, siège de nos émotions,
- le reptilien, ou la part animale en nous.
Or nous savons à présent que les cerveaux limbique et reptilien contrôlent 95% de notre comportement. Ce qui veut dire, en langage d’affaires, que nous achetons avec nos émotions et nous nous justifions ensuite par des faits ou des chiffres. La fiche technique d’une automobile n’a jamais déclenché une vente: l’élégance du design, le ronronnement du moteur, l’odeur du cuir, le charisme du vendeur, oui.
Rien d’étonnant que le storytelling déferle sur les entreprises: des histoires, on nous en raconte depuis l’enfance. Elles nous ravissent et nous inspirent.
Quand les chiffres cèdent la place aux récits d’entrepreneurs, ces héros modernes, l’humain reprend sa place. Et l’émotion fait merveille, tant pour convaincre un client que pour obtenir l’adhésion des employés. La projection d’un bilan financier n’a jamais ému aucun travailleur: le récit des efforts et des luttes d’un patron pour redresser son entreprise, oui.
Des contes aux histoires pro
En parcourant le net, je découvre la collection «Contes et entreprise». Elle propose d’apprendre à décrypter les comportements des héros de contes pour faire des liens avec les problématiques professionnelles.
Les contes piochent dans la mémoire de l’humanité pour nous donner des «modes d’emploi» sous une forme métaphorique. Les contes commencent toujours mal et se finissent bien. Que se passe-t-il entretemps ? Le héros a utilisé des astuces, a découvert ses atouts.
Raconter une histoire, c’est ouvrir la porte qui donne accès aux émotions. Des études en psychologie montrent bien que l’auditeur attentif suspend en partie son jugement critique. Il adhère au message et privilégie les éléments qui lui font le plus d’impression. En un mot il contribue lui-même à construire l’histoire. Écouter une histoire, c’est vivre une expérience dans sa tête.
Un conte d’entreprise : l’histoire des gros cailloux
Un jour, un vieux professeur de l’Ecole Nationale d’Administration Publique (ENAP) fut engagé pour donner une formation sur la planification efficace de son temps à un groupe d’une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies nord-américaines. Ce cours constituait l’un des cinq ateliers de leur journée de formation. Le vieux prof n’avait donc qu’une heure pour « passer sa matière ».
Debout, devant ce groupe d’élites (qui était prêt à noter tout ce que l’expert allait enseigner), le vieux prof les regarda un par un, lentement, puis leur dit : « Nous allons réaliser une expérience« .
De dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof sortit un immense pot « Mason » d’un gallon (pot de verre de plus de quatre litres) qu’il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut rempli jusqu’au bord et qu’il fut impossible d’y ajouter un caillou de plus, il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda : « Est-ce que ce pot est plein ?« . Tous répondirent « Oui« . Il attendit quelques secondes et ajouta : « Vraiment ?« .
Alors, il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s’infiltrèrent entre les cailloux, jusqu’au fond du pot. Le vieux prof leva de nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda : « Est-ce que ce pot est plein ?« . Cette fois, ses brillants élèves commençaient à comprendre son manège.
L’un deux répondit : « Probablement pas !« . « Bien ! » répondit le vieux prof.Il se pencha de nouveau et cette fois, sorti de sous la table une chaudière de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier.
Encore une fois, il demanda : « Est-ce que ce pot est plein ?« . Cette fois, sans hésiter et en chur, les brillants élèves répondirent : « Non !« . « Bien ! » répondit le vieux prof.Et comme s’y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le pichet d’eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu’à ras bord. Le vieux prof leva les yeux vers son groupe et demanda : »
« Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ?« . Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondit : « Cela démontre que même lorsque l’on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire. » « Non, répondit le vieux prof. Ce n’est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante : Si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous, ensuite« .Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l’évidence de ces propos. Le vieux prof leur dit alors :
« Quels sont les gros cailloux dans votre vie ? Votre santé ? , Votre famille ? , Vos amis ? Réaliser vos rêves ? Faire ce que vous aimez ? Apprendre ? Défendre une cause ? Se relaxer ? Prendre le temps ? Ou… tout autre chose ?… Ce qu’il faut retenir, c’est l’importance de mettre ses gros cailloux en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles, on remplira sa vie de peccadilles et on n’aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants de sa vie. Alors, n’oubliez pas de vous poser à vous-même la question : quels sont les gros cailloux dans ma vie ? Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot« .D’un geste amical de la main, le vieux professeur salua son auditoire et lentement quitta la salle.