Buzz word ou réalité?
Les différentes appellations du web font couler pas mal d’encre. Faisons un bref arrêt sur image!

Un web évolutif

En parcourant la toile, on retrouve de plus en plus souvent les notions de web 3.0, voire 4.0 ou même 5.0 ! Et si tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit là des différentes phases de l’évolution d’un seul et même web, les avis sont loin de converger quant à la chronologie ou aux concepts et technologies propres à chaque étape.
Mais une chose est sûre: l’accélération remarquable de cette évolution interpelle d’autant plus que, dans la pratique, bien des PME peinent à intégrer la seule notion de web 2.0!

Il me semble donc utile de défricher ce terrain afin de vous aider à mieux comprendre les enjeux et l’importance de cette transformation rapide et inéluctable, ainsi que son impact sur la manière de gérer son business.

A quoi correspondent les différentes phases de l’évolution du web ?

Le web est sans nul doute une technologie majeure du 21ème siècle. Et si sa nature, sa structure et son utilisation ont évolué au cours du temps, force est de constater que son évolution modifie aussi profondément nos pratiques commerciales et sociales.

Pour mieux comprendre les enjeux et les différentes phases de cette évolution, je me suis livrée à un exercice de synthèse, qui ne se veut en aucun cas exhaustif, mais qui devrait vous fournir quelques clés de compréhension.

Le web 1.0, ou web traditionnel, démarre dans les années 1990. C’est avant tout un web statique, centré sur la distribution d’informations. Majoritairement associé aux grandes entreprises. Il se caractérise par des sites orientés produits, qui sollicitent peu l’intervention des utilisateurs. C’est souvent la transcription en ligne des catalogues papier. Les premiers sites d’e-commerce datent de cette époque.  En ce temps là, le coût des programmes et logiciels propriétaires est énorme et l’explosion de la bulle dot.com, en 2000, remet en question cette approche de la toile.

Le web 2.0, ou web social, change fondamentalement la donne. Il privilégie la dimension de partage et d’échange d’informations et de contenus (textes, vidéos, images ou autres). Il voit l’émergence des réseaux sociaux, des smartphones et des blogs. Le web se démocratise et se dynamise. C’est l’époque des forums, des wikis, etc. L’avis du consommateur est sollicité en permanence et il prend goût à cette socialisation virtuelle. Toutefois, la prolifération de contenus de qualité inégale engendre une infobésité difficile à contrôler.

Le web 3.0, aussi nommé web sémantique, vise à organiser la masse d’informations disponibles en fonction du contexte et des besoins de chaque utilisateur, en tenant compte de sa localisation, de ses préférences, etc. C’est un web qui tente de donner sens aux données. Les algorithmes règnent en maître. C’est aussi un web plus portable qui fait de plus en plus le lien entre monde réel et monde virtuel et répond aux besoins d’utilisateurs mobiles, toujours connectés à travers une multitude de supports et d’applications malines ou ludiques.

Le web 4.0, ou web intelligent, est l’évolution logique du web sémantique. Il effraie autant qu’il fascine, puisqu’il vise à immerger  l’individu dans un environnement digital de plus en plus prégnant. Basé sur la communication sans fil reliant les personnes et les objets à tout moment et en tout lieu dans le monde physique ou virtuel en temps réel, le web 4.0 pousse à son paroxisme la voie de la personnalisation ouverte par le web 3.0. Mais il pose par la même occasion de nombreuses questions quant à la protection de la vie privée, au contrôle des données, etc.  C’est un terrain d’expérimentation où tous ne sont pas (encore) prêts à s’aventurer!

évolution du web 1.0 au web 4.0

On pourrait déjà évoquer le web 5.0, comme le web ambiant. En effet, Internet est désormais la norme et devient « une intelligence ambiante qui utilise l’IA pour relier des appareils et des services », un internet capable de comprendre, de s’adapter aux besoins de chacun. Un internet si intimement imbriqué dans nos vies qu’il en devient invisible, circulant comme l’électricité.

On évoque aussi un web émotionnel qui vise à développer des applications capables d’interpréter les informations à des niveaux plus complexes, tant sur le plan émotionnel que logique. Un web où l’intelligence artificielle permet aux ordinateurs de communiquer comme une personne, voire même de penser, raisonner et répondre de manière (presque) humaine.

Enfin, avec l’avènement du Métavers, qui représente « la plus probable évolution d’Internet dans les prochaines années », la frontière entre réel et virtuel s’estompera toujours plus.

WEB 1.0web traditionnel
Période1991-1999
Focusconnecte les informations, orienté entreprises et institutions
Objectifdonner accès au contenu en ligne – présenter des produits aux consommateurs
Conceptsystème « push » – distribution de l’information
ArchitecturePortails d’information , sites web statiques (Read-Only)
Interface + contenu + programme
LanguageProtocoles HTTP,
HTML (language avec liens hypertextes), puis XML
Java & JavaScript
DonnéesCréation de programmes propriétaires lourds et chers. Applications desktop principalement.
Contenucontenu limité (hypertextes + multimédia) créé par des professionnels
Outils de communicationemail – forums
ApplicationsApplications commerciales, émergence de l’e-commerce et du panier shopping.
Catalogues produits en ligne, encyclopédies en ligne
UtilisateurConsommateur passif – « read only » – « view and link » – le web est un énorme magazine en ligne que l’utilisateur consulte.
Technologie de rechercherépertoires –  moteurs de recherche sur base de mots clés (=taxonomies)
Focus marketingorienté produit
Flux« one to many » – sens unique
Tactiques marketingpublicités en ligne, marketing produit, marketing de masse
Relationlinéaire, transactionnelle
Obstaclesprogrammes très chers et peu rentables – absence de contexte – peu d’interaction avec les utilisateurs – lent & lourd

WEB 2.0Web social
Période2000-2009
Focusconnecte les personnes,
orienté communautés et « tribus »  (web démocratisé)
Objectifpartager du contenu
Conceptinteractions – conversations entre utilisateurs
ArchitecturePlateformes interactives (Read, Write & Share)
sites dynamiques, blogs, microblogs, wikis
web services & web applications pour connecter les programmes et contenus
LanguageXML (HTML structuré) qui consiste à décrire les choses avec des mots + RSS (flux de contenus)
DonnéesMultiplication des programmes open source qui démocratisent le web. Licences Creative Commons:  ouverture & partage des logiciels et ressources.
Contenucontenu illimité créé par des utilisateurs amateurs et professionnels – rich media
Outils de communicationréseaux sociaux – plateformes collaboratives
SMS – MMS – video-streaming
ApplicationsMultiplication des applications participatives pour communiquer (blog, twitter), partager (facebook, linkedin, flickr, youtube, etc.), transformer des données (RSS & XML), tagger (Digg), présenter (slideshare), etc.
UtilisateurConsommateur et acteur.  Néanmoins, seule une minorité devient auteur « read & write », la majorité se contente d’un engagement restreint « read & share »
Technologie de rechercherecherche sur base de mots clés (tags) partagés et croisés (=folksonomies)
Focus marketingorienté service client
Flux« many to many » – échanges dynamiques
Tactiques marketingpay per click advertising, marketing viral, WOM (bouche à oreille), SEM (search engine marketing)
Relationdistribuée, segmentée, échanges
ObstaclesInfobésité: trop de contenu de qualité très inégale.Accessibilité: technologie ne permet pas encore une vraie portabilité. Manque de personnalisation: il est difficile de sortir du lot

Web 3.0web sémantique ou « smart » web
Période2010-xx
Focusconnecte le savoir, orienté individu dans son contexte
Objectifconsolider et intégrer des contenus dynamiques
Conceptcuration –  compréhension et exploitation des données
ArchitectureSaaS (logiciel=service) & Cloud (ubiquité et portabilité)
Les web services occupent la place centrale et connectent les supports et les applications à travers des interfaces simplifiées.
LanguageOutre le XML, de nouveaux languages émergent: RDF (Resource Description Framework) càd la grammaire qui définit les concepts et établit les relations + OWL (Ontology Web Language) basé sur les relations et la logique + SWRL (Semantic Web Rule Language) qui établit les règles qui permettent de comprendre ce que les humains cherchent.
DonnéesTransforme le web est une base de données géante, divisée en groupes avec une multitude de liens entre eux pour croiser les données. Intégration des  metadata dans les ressources accessibles partout, à tout moment et sur n’importe quel support.
Contenucontenu organisé par les utilisateurs – réalité augmentée
Outils de communicationtous les outils précédants adaptés à l’internet mobile (tablettes, smart phones) + des outils cross media tels que QR codes, RFID (radio frequency identification)
Applicationsapplications personnalisables – ex. netvibes, igoogle, applications 3D, création de mondes virtuels,
serious games, social games
UtilisateurEmergence du consom’acteur. Consommateur engagé. Utilisateur de plus en plus actif, mobile, toujours connecté.
Technologie de rechercherecherche contextuelle grâce à des filtres individuels (ex: les recommandations d’Amazon) (=me-onomy),
recherche sémantique en language naturel,
recherche visuelle (ex: en prenant la photo d’un monument, accéder à toute l’information qui s’y rapporte)
Focus marketingorienté intérêts et goûts client
Flux« many to one » – flux digital continu
Tactiques marketingdata marketing contextuel, advertainment, certains « power users » ou internautes influents deviennent ambassadeurs des marques, veille et e-réputation,
Relationcontextuelle
ObstaclesDifficulté de combiner le web des données (scientifique et rigoureux) avec le web social (instantanné, basé sur les émotions).
Danger d' »envahissement » par un web omniprésent.
Web 4.0web symbiotique ou web « intelligent »
Période2020(?)-xx
Focusconnecte l’intelligence, orienté interaction individus|objets
Objectifinnover grâce aux connexions intelligentes
Conceptinterconnexion réel|virtuel, intelligence collective
ArchitectureOS (système opérationnel) + Cloud
DonnéesEvolution vers des standards ouverts, vers un language universel
UtilisateurL’utilisateur devient cré-acteur, en constante symbiose avec son environnement
Technologie de recherchefiltres intelligents
Focus marketingchaque consommateur est différent
Flux« one in many » – environnement intelligent
Tactiques marketingL’analyse des comportements des utilisateurs permettra une véritable personnalisation: le bon message au bon moment au bon endroit
Relationfluide, multiple
ObstaclesSécurité des sources et accès aux données. Capacité à analyser les comportements et à les traduire en données utiles. Danger d’un contrôle sur la vie privée et perte de liberté. Le web 4.0 comme il est présenté aujourd’hui pourrait restreindre notre liberté et nos chances d’évolution & d’innovation (puisqu’il ne nous présenterait que ce qui est censé nous intéresser).