Collaborer avec d’autres entrepreneurs de son secteur, bonne ou mauvaise idée ? Suicidaire pensent certains, indispensable affirment les autres. Dans le domaine du marketing digital, ce type collaboration peut se traduire par des propositions de guest blogging. Une stratégie gagnant-gagnant à condition d’en définir précisément le cadre.
Si j’aborde le guest blogging aujourd’hui, c’est que j’ai -enfin diront certains- décidé d’ouvrir mon blog à des articles invités qui traitent de thématiques relevant du webmarketing, de la nécessaire transformation numérique des petites entreprises ou encore des outils et tactiques peu onéreuses qui leur permettront de se développer grâce au web.
Premier article invité : Créer sa boutique en ligne : les étapes clés pour assurer son succès proposé par Olivier Clémence fondateur du site réussir-mon-ecommerce.fr.
Sommaire
Les 2 faces du Guest Blogging
Le guest blogging est une pièce à deux faces. Une stratégie viable à condition de profiter aux deux parties.
- D’un côté un auteur, un producteur de contenu cherche à se positionner comme expert et espère tirer de cette collaboration plus de visibilité et de notoriété (et des liens d’autorité vers son site).
- De l’autre côté un blog, un éditeur de contenu cherche à enrichir son offre éditoriale, à atteindre une audience plus large ou à partager ses valeurs et une certaine vision du web.
À l’évidence, pour que le guest blogging soit efficace, il convient d’établir un cadre permettant à chacun de s’y retrouver : règles et ligne éditoriale claires, transparence et bienveillance dans les contacts, etc.
L’époque où il suffisait de procéder à un échange de lien avec un site internet quelconque afin d’améliorer son référencement naturel est révolue. Aujourd’hui réussir sa stratégie de guest blogging relève d’un travail à part entière et ne se limite plus en un simple échange de lien…(Le JCM)
Pourquoi se lancer dans le guest blogging ?
Avantages et contraintes pour l’invité
Publier sur des sites qui ont acquis une certaine notoriété et visibilité est bien sûr un moyen de se faire connaître plus rapidement, d’attirer plus de trafic vers le site ou le blog qu’on veut faire connaître.
Mais attention, cela demande un investissement réel car il ne s’agit pas simplement de recycler un contenu que vous auriez déjà publié sur votre blog. Google est formel : un bon contenu est un contenu unique.
Tout article invité doit impérativement être original, ne pas être publié ailleurs (ni avant, ni après). C’est ainsi qu’il sera le plus utile, tant pour le donneur que pour le receveur. Cela demande un effort d’autant plus important qu’il faudra se couler dans le moule imposé par le blog qui reçoit. En effet, par souci de cohérence et de crédibilité, chaque article invité devra respecter la ligne éditoriale du site qui l’invite.
Par ailleurs, au-delà de la visibilité que peut apporter la publication d’un article invité, le guest blogging est aussi une manière intelligente de nouer des contacts avec d’autres experts de son domaine d’activité. C’est également un moyen d’élargir son réseau. Et comme chaque secteur d’activité est un microcosme, il est toujours utile de connaître ses pairs et d’entretenir avec eux des relations harmonieuses.
C’est enfin une manière de renforcer son image de marque, en intervenant sur des blogs et sites qui partagent les mêmes valeurs.
Last but not least, pour être efficace, le guest posting ne doit pas être conçu comme une stratégie à long terme plutôt qu’une action ponctuelle, répétée épisodiquement. C’est en publiant régulièrement sur différents sites que vous vous ferez connaître et que vous gagnerez en crédibilité.
Avantages et contraintes pour l’hôte
Ouvrir son espace de blog à d’autres experts permet d’élargir ses horizons, de varier les points de vue et d’enrichir la base de contenus proposés aux lecteurs réguliers du site.
C’est aussi une manière de partager ses valeurs et confronter ses convictions avec d’autres personnes qui sont sur la même longueur d’onde (ou pas). Avec pour objectif prioritaire de créer une communauté engagée autour de ces valeurs.
Accueillir des articles invités, c’est bien sûr un gain de temps appréciable et un moyen de diversifier ses contenus pour, potentiellement, séduire une audience plus large encore. Et plus l’invité est connu, plus l’article renforcera la notoriété de la plateforme qui invite.
Comme le précise Neil Patel, la création de contenu est l’un des principaux défis des marketeurs ! C’est une des raisons pour laquelle le guest blogging a toute sa place dans une stratégie d’inbound marketing bien pensée.
Mais accueillir des articles invités ne se fait pas au petit bonheur ! Cela implique un travail en amont et en aval. D’une part pour définir une ligne éditoriale claire, pour filtrer les demandes et vérifier l’intérêt d’une collaboration. D’autre part pour relire, intégrer et éventuellement formater, adapter ou compléter les articles soumis. Mal choisir ses partenaires peut éventuellement porter préjudice au site qui accueille !
L’avenir du web est collaboratif
Au final, le super gagnant du guest blogging c’est … le lecteur ! Car en multipliant les articles de qualité, le blog qui invite propose plus de contenus pertinents à ses lecteurs et leur fait découvrir d’autres experts ou de jeunes pousses prometteuses, qu’ils pourront ensuite découvrir plus avant si le cœur leur en dit.
L’intelligence collective est une lame de fond qui déferle sur le web depuis quelques années déjà. Et c’est tant mieux pour les internautes. Les exemples de réussite sont nombreux et éclatants :
- Wikipedia est devenu la référence absolue en matière d’encyclopédie en ligne grâce au travail acharné et collaboratif de milliers de contributeurs
- Amazon a su se rendre incontournable en ouvrant sa market place à tous les commerçants et les évaluations constantes des acheteurs renforcent encore son influence
- WordPress est devenu le premier CMS au monde grâce au travail enthousiaste de milliers de développeurs passionnés et bénévoles
- Airbnb, Uber, … toutes ces plateformes ne seraient rien sans la participation de centaines de milliers d’utilisateurs qui évaluent, commentent et critiquent les différents produits proposés.
Selon la même logique, de nombreux sites se transforment en plateformes collaboratives et ouvrent leurs portes à une foule d’experts ou de passionnés éclairés qui s’enrichissent mutuellement et contribuent au développement de la plateforme.
Quelques exemples de sites ouverts à la collaboration dans le monde du marketing digital : Conseils Marketing, Écrire pour le web, Webmarketing&Co’m, Le Journal du CM ou encore Semrush. Allez consulter le top 100 de Semrush pour un accès immédiat aux sites et blogs webmarketing ouverts au guest blogging.
Comment se lancer dans le Guest Blogging ?
En tant qu’invité
N’attendez pas qu’on vienne vous chercher, surtout si vous n’êtes pas (encore) connu ! Soyez pro-actif.
Cherchez des sites qui ont pignon sur rue et acceptent les articles invités. Pour cela, Google est votre ami. Assurez-vous ensuite qu’ils sont pertinents pour vous, qu’ils correspondent bien à votre niche, à vos valeurs, à votre tone of voice. Et enfin, vérifiez le niveau de popularité des sites qui vous intéressent. En effet, ils doivent au minimum avoir un PA et DA supérieur au vôtre (Page Authority et Domain Authority). Pour connaître ces valeurs, il vous suffit d’installer la Moz Bar. Cette extension magique vous donne instantanément le PA et DA de tout site.
Concrètement, vous devez donc rechercher des blogs qui répondent aux critères suivants :
- Un contenu compatible avec votre thématique et votre style.
=> Je suis toujours sidérée par les propositions d’article invité que je reçois, qui n’ont soit aucun lien avec le marketing digital ou ma ligne éditoriale, voire même la langue du site … - Une audience intéressée par les sujets que vous abordez.
Analysez le site qui vous intéresse pour connaître sa cible prioritaire (âge, fonction, niveau de responsabilité des lecteurs). Il est clair qu’on ne s’adresse pas de la même manière à de jeunes startupers ou à des chefs d’entreprise de la génération des boomers. Et que les attentes des uns et des autres ne sont pas les mêmes (ni les connaissances de départ).
=> Si vous visez essentiellement les marketeurs des grands groupes ou les agences, votre angle d’attaque ne sera pas celui de C-Marketing qui s’adresse en priorité aux PME qui n’ont pas les moyens d’engager un spécialiste et doivent grandir sur internet avec des ressources limitées. - Un blog actif sur les réseaux sociaux avec des lecteurs engagés.
Assurez-vous de la présence réelle de l’éditeur sur les réseaux sociaux. Publier des articles ne suffit plus. Il faut aussi les relayer et engager le public. - Un blog avec un bon niveau SEO et un DA suffisant (minimum 30).
Comme précisé ci-dessus, il y a des outils gratuits qui permettent de mesurer le DA (domain authority) d’un site. Pourquoi est-ce important ? Parce que plus le DA d’un site est grand, plus il aura de trafic et de visibilité et plus les liens provenant de ce site seront intéressants pour vous.
Comme le souligne ahrefs dans son article Guest blogging for SEO, les blogs peuvent se ranger dans 3 catégories DA.
>> En dessous de 20, il s’agit soit de blogs récents ou en friche. Passez votre chemin.
>> Entre 21 à 70, c’est votre cible. Et selon votre propre notoriété vous vous tournerez plutôt vers le bas ou vers le haut de cette fourchette.
>> Au-delà de 71, c’est la crème de la crème. Ils ne vous ouvriront leurs portes que si vous êtes un influenceur ou si vous proposez un contenu absolument exceptionnel.
A vous de jouer !
Une fois votre sélection faite, il ne s’agit pas d’envoyer le même email type à tous ces blogs. Le succès de votre approche tient en deux mots : demande personnalisée et persévérance (si, si … il faut oser réitérer sa demande, à condition de ne pas être lourd bien sûr).
Montrez que vous avez parcouru le site sur lequel vous aimeriez publier et que vous avez compris quelle est sa ligne éditoriale et son public cible. C’est le minimum. Pour ma part, les demandes non personnalisées atterrissent illico à la poubelle.
Enfin, ne vous attendez pas à recevoir des réponses à chacune de vos demandes. Des statistiques semblent indiquer qu’on peut compter sur un taux d’intérêt de 30%. Après, ce sera à vous de nourrir la relation pour aboutir à un partenariat gagnant-gagnant.
Une fois votre proposition acceptée, il ne vous restera « plus qu’à » écrire l’article invité parfait (j’y reviendrai dans un prochain article).
En tant qu’hôte
Ne confondez pas guest blogging et production de contenu à coût zéro.
Si, dans la majorité des cas, il n’est pas question de rémunérer les auteurs des articles invités, sachez néanmoins que le guest blogging représente tout de même un certain investissement, en temps essentiellement (échanges, relecture, adaptation), voire même en argent (si vous n’intégrez pas vous-même vos contenus sur votre site).
Dès lors, la question fondamentale à se poser lorsque vous ouvrez votre blog, c’est « Que vont vous apporter ces articles invités ? » visibilité supplémentaire ? gain en terme d’image de marque ? trafic additionnel ? Qu’en attendez-vous ? Bref, vous devez clairement définir vos objectifs avant de vous lancer.
Qui chercherez-vous à attirer sur votre blog ? Des experts reconnus ou de jeunes pousses prometteuses à qui vous offrirez un tremplin ? La manière de les aborder et de la mettre en avant est fondamentalement différente, on s’en doute.
Enfin, pour éviter de perdre trop de temps, il peut être utile de rédiger un guide pratique précisant vos attentes et contraintes : longueur minimum d’un article, style d’écriture, illustrations, liens, etc. Attention toutefois à ne pas être trop restrictif. Chaque auteur doit pouvoir garder sa personnalité et jouir d’une certaine autonomie, pour garantir une vraie diversité et un réel esprit collaboratif win-win.
En conclusion
Si vous hésitez encore à vous lancer dans le guest blogging, voici une statistique d’Orbit Media qui devrait faire pencher la balance. Go, go, go !
Selon l’étude d’Orbitmedia, la plupart des blogueurs (60%) publient des articles invités. Une petite minorité (7 %), constituée de blogueurs spécialisés, publient même très régulièrement sur des sites externes. Mais il s’agit sans doute de contributeurs réguliers à des sites web de médias.